LE texte anti esclavagiste
POÉSIE / LITTÉRATURE PORTUGAISE / BILINGUE / ANTI ESCLAVAGISTE
Parution le 10 mai 2018
ÉDITIONS DISPONIBLES
22
€
LES ESCLAVES
(Os escravos)
une œuvre poétique de Antônio Frederico de Castro Alves
traduit par Emmanuel Tugny
couverture par Marthe Bolda
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“Ne pas oublier, au travers d'un ouvrage bouleversant”
Pour la première fois disponible dans sa traduction française et en ouvrage bilingue, (re)découvrons Antônio Frederico de Castro Alves, cet éminent représentant du romantisme, mort à seulement 24 ans, qui nous emporte par sa poésie mêlant lyrisme, amour charnel et cause abolitionniste.
C’est bouleversant et c’est dramatique, et plus que jamais, cela nous invite à de ne pas oublier.
Hugo do Brasil ou Rimbaud da pampa ?
Avant-propos
d'Emmanuel Tugny
Les manuels d’histoire littéraire brésiliens insistent volontiers sur le caractère éminemment hugolien de l’art du poème de Castro Alves.
Ils le font à bon droit.
Le natif de Curralinho puise en effet sans pudeur, en épigone affirmé, en féal fiévreux, à la veine majestueuse, à la superbe incandescente, au vol panoramique, aux embrassements universels du monstre de Guernesey.
Castro voudrait être né vieux. Vieux du vieux monde. Sa rime respire la folle aspiration à passer le temps de jeunesse pour accéder au Saint Graal mirandolien de la connaissance visionnaire de tout.
Castro, plus que prophète, voudrait être apophète : il voudrait voir en voyant, dans l’a posteriori d’une sagesse vénérable, d’une illumination acquise depuis le temps du voyage mental, non tant ce qui aura lieu que ce qui « aura eu lieu ».
Toute sa poésie exsude cette joie de la vision holiste « enfin là », « enfin déjà là ».
Castro voudrait être Hugo, c’est entendu. Il voudrait, lui aussi, pourquoi pas, puisque la poésie est ambition folle aliénée dans du chant nouveau, être « personnellement », ce Logos en quoi se révèle, enfin véritable parce que Verbe, réelle parce que réalisée, la vérité placide, claire et distincte, de tout temps, de tout lieu, de tout être y paissant.
De poème en poème, de strophe en strophe, c’est un pas étrange que le poète invite à suivre : un pas qui enjambe les stades d’une conscience inscrite dans le monde, ancrée dans l’époque pour être, bien avant l’heure, sa propre maturité ultime.
Castro s’évertue à être Castro observant l’innocence emportée de Castro depuis le terme d’une existence vouée à la connaissance des causalités mondaines et célestes de cet emportement.
Castro s’observe depuis Castro. Le vers de Castro se contemple, se déchiffre, se jauge à l’aune d’un vers devenu philosophe.
Lire les textes qui suivent ne relève pas uniquement de l’exercice de rencontre avec l’expectoration d’un sentiment du monde, il suppose tout autant l’abord de la révolution sur soi d’une écriture qui se mire dans la sagesse terminale à laquelle elle prétend.
Castro n’est pas uniquement — et sans doute pas essentiellement — l’être-là d’un poète, il en est le critique de retour sur soi. Il est le poète en ses effusions, en ses abandons et son double sthénique, vigoureusement, impassiblement lucide. Il est le disciple de soi. Son vers lit son vers, son vers relit son vers depuis un dédoublement qui écrase le temps comme chemin de connaissance.
Castro est Hugo lisant Castro, c’est entendu, Castro est « déjà » Hugo. Il est déjà le Verbe appréciant le poème, le Logos appréciant la parole, le phénomène, purifié par sa révélation, se délectant de sa sensation juvénile, le vrai de ses mirages.
Castro est un jeune vieux. Une ironie terrible a voulu qu’il le fût pour toujours…
Castro sera toujours un des jeunes gens sans âge qui peuplent les œuvres de Rousseau, Prévost, Musset, Flaubert, Gide, Morand ou Nimier, de ces jeunes gens dont le parcours d’apprentissage en la vie est en quelque sorte démonétisé par leur ancrage anticipé en une maturité, en une sagesse, en un point d’orgue rendant accessoire l’architecture mélodique, la syntaxe qui y rapporte davantage qu’elle n’y conduit.
Castro apprend de Castro dans les pages qui suivent. Son enthousiasme révolté, spastique, névralgique, se frotte à la sérénité bouddhique de Castro le voyant.
Il n’est pas jusqu’à sa prosodie qui ne traduise partout cette double rébellion : celle du poète fait tempérant sa jeune pousse, celle de la jeune pousse tempérant son grand arbre.
Ainsi le vers est-il chez Castro saisi entre névralgie et apaisement, entre saccade, syncope et rédemption tout iambique, entre régularité vénérable et solution de continuité rythmique « absolument moderne ».
Car il n’y a pas que du Hugo chez Castro. L’on ne saisit pas la fine fleur du poète abolitionniste si l’on n’en souligne que le tropisme sénescent, si l’on ne pointe du doigt que cette envie farouche de « connaître au terme » qui anime le cours de son écriture.
Il y a aussi que, par réversion, Castro est son propre insolent, qu’il aime sabrer l’harmonie virile de la mélopée, qu’il goûte les chansons de foire, qu’il a le goût des petits infinis, de la rosée, du téton, du poil de l’animal, de la palme, de la poudre, de l’insecte, du vent quand il n’est plus du ressort d’infinis mais mouvement dans une mèche…
Il y a aussi qu’à l’instar de Rimbaud, son parfait contemporain, Castro fait poésie de rien, symboles de breloques, cantiques de chansons, résiste à Castro en torturant le cours tranquille du vers vieux — que bondent les figures de la mythologie académique de l’impétrant — depuis une impulsion qui évoque ces voyages rêvés de l’homme aux semelles de vent où la cohérence de l’ordre du monde le cède au bric-à-brac, à la collection erratique de cristaux nés du désir d’aller… « noms de pays, le nom », « nom des terres, le nom » : ici sierras, jaguars, palmiers, poussières ou pollens, insectes, petits bois, champs, marécages…
Quand Castro reproche à Castro de ne pas être le Tasse, Castro lui présente Virgile…
Quand Castro veut Lucain, Castro prend sa guitare…
Castro convoque la jeunesse et sa jeunesse lui répond. Castro veut être celui qui sait, au bout du compte, et le regard qu’il promène sur le monde est en effet celui d’un honnête homme « parfait ».
C’est cette tension-là qu’on trouvera plus bas, cette tension de la rencontre entre l’intensité juvénile d’une présence enchantée au monde et l’observation de cette présence par son vivant « report » au temps de connaissance.
Et le chant du donné et le Verbe du chant.
“
A bainha do punhal
(Fragmento)
Salve, noites do Oriente,
Noites de beijos e amor!
Onde os astros são abelhas
Do éter na larga flor...
Onde pende a meiga lua,
Como cimitarra nua
Por sobre um dólmã azul!
E a vaga dos Dardanelos
Beija, em lascivos anelos
As saudades de ‘Stambul.
Salve, serralhos severos
Como a barba dum Paxá!
Zimbórios, que fingem crânios
Dos crentes fiéis de Alá!...
Ciprestes que o vento agita,
Como flechas de Mesquita
Esguios, longos também;
Minaretes, entre bosques!
Palmeiras, entre os quiosques!
Mulheres nuas do Harém!
Le fourreau du poignard
(Fragment)
Ô, nuits d’Orient, je vous salue
Nuits tout baisers et tout amour !
Où les astres font les abeilles
De l’immense fleur des Éthers,
Où la suavité de la lune
Pend comme un cimeterre nu
Sur la nuit bleue d’un uniforme !
Où la vague des Dardanelles
Embrasse en ses anneaux lascifs
La mélancolie d’Istanbul.
Je vous salue, sérail rétif
Comme une barbe de pacha !
Et vous coupoles qui singez
Son crâne au fidèle d’Allah !
Vous, cyprès que le vent tourmente
Comme la flèche des mosquées,
Longs pareil, étiques pareil ;
Minarets pris dans les bosquets !
Palmiers contenus par les kiosques !
Nudités serrées au harem !
informations
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QUIÇÉKAFÉ ?
Auteur Antônio Frederico de Castro Alves
Traducteur Emmanuel Tugny
Œuvre de couverture Marthe Bolda
ÉDITION PAPIER
ISBN 978-2-37641-074-4
Format 133 x 203 mm
Poids 330 grs
Date de parution 10 mai 2018
Nombre de pages 284
Dos carré collé
Distribution Hachette Livre
ÉDITION(S) NUMÉRIQUE
ISBN EPUB 978-2-37641-974-7
ISBN MOBI 978-2-37641-774-3
ISBN PDF 978-2-37641-674-6
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ÉDITION WEB
ISBN 978-2-37641-574-9