J’ai toujours été sensible à la littérature contemporaine et à l’utilisation des nouveaux outils de création et de publication qui permettraient une représentation de la parole dite, du sentiment donné. Déjà, lors de la création de ma première entreprise, une simple structure individuelle de communication locale dans les Pyrénées-Orientales, je me spécialisais en impression numérique, pour sa flexibilité de production et de mise en forme, mais également à la superposition et l’emploi des médias utilisés comme calque créatif, tels que l’audio, la vidéo, le code comme outil d’interface graphique et de navigation. Nous étions en 2000, et les possibilités étaient alors assez faibles, mais déjà présentes.

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Dès l’apparition de médias sociaux comme Facebook et Twitter j’ai, de manière totalement autodidacte, expérimenté des créations littéraires hypermédiatiques, comme l’écriture d’un cadavre exquis sur Facebook intitulé Le roman d’Arnaud. Il s’agissait ici d’une écriture à contraintes multiples : nous étions trois auteurs/créateurs installés sur des continents différents (Jean-François Gayrard se trouvait à Montréal, Christophe Sanchez était en France, quant à moi, je me trouvais en pleine jungle thaïlandaise), écrivant un roman en direct depuis Facebook où les fans devenaient acteurs de l’œuvre en cours, pouvant interagir sur l’écriture par le biais de leurs commentaires.

Mon interrogation sur les contenus hypermédiatiques comme catalyseurs de création et nouvelle forme littéraire était posée, alors que je constatais chaque jour l’appétence d’un public toujours plus enclin à consommer des contenus télévisuels et ludiques, se ruant sur les écrans plutôt qu’un objet papier considéré comme figé dans le temps.

En parallèle, mes nombreux voyages m’ont poussé très tôt à m’intéresser à la lecture numérique, tout d’abord homothétique. Il s’agissait alors de pallier une carence d’ouvrages de littérature contemporaine disponibles à l’étranger, et plus simplement, à une limitation de transport de ma propre bibliothèque ! Je me suis rapidement retrouvé parmi les premiers partisans et défenseurs du livre numérique, notamment par mon amitié avec Clément Monjou, créateur du site d’information sur la lecture numérique www.ebouquin.fr (activité abandonnée depuis plusieurs années). Ma participation à cette veille littéraire et technologique dès 2008 m’a amené à apprendre la création de livres numériques au format EPUB, puis MOBI (format utilisé par Amazon pour sa liseuse Kindle), mais également à acquérir une solide expertise sur les dispositifs de lecture numérique (tablettes, liseuses et écrans). Très vite, cet apprentissage totalement autodidacte, ici aussi, a débouché sur des interrogations de recherche : comment s’affranchir d’une forme uniquement homothétique de mise en forme d’ouvrages de littérature, ou encore de quelle manière initier de nouveaux habitus de navigations et de lecture sur écran, notamment en non-fiction et en écriture fragmentaire. J’ai donc beaucoup expérimenté, jusqu’à en faire l’une de mes activités professionnelles. Outre mon métier d’éditeur, je crée donc depuis près de 15 ans des livres numériques pour de nombreux éditeurs, et je les forme lorsque nécessaire.

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Avant de choisir de m'installer à Montréal, mes voyages ont à leur tour nourri mes interrogations et cette passion pour les dispositifs éditoriaux numériques. Depuis plus de 15 ans, je partage mon temps entre l’Asie du Sud-est et la France, voyageant en Amérique du Sud (particulièrement l’Argentine et le Brésil). Je me suis plongé dans de nombreuses cultures, notamment autochtones, collaborant avec des auteurs, artistes et créateurs multimédias, que ce soit dans le cadre de mes maisons d’éditions ou de projets plus personnels de création littéraire. Avec, toujours en ligne de mire, des questionnements de formation autour d’outils de création et de publication numérique, mais plus spécifiquement, sur notre capacité à porter des littératures souvent orales, de cultures peu ou pas connues par des supports non figés, donc hors et avec le livre papier (par exemple, sous la forme de performances filmées ou non, de stories sur les réseaux sociaux, etc.). La place des publications plurimédias, des problématiques de distribution inter-états, dispositifs de contournement de la censure, etc. sont des sujets qui m’interpellent.

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Aujourd'hui, je propose ces compétences aux auteurs et éditeurs, qu'il s'agisse de création d'ouvrages numériques, plurimédias (papier+numérique+web), de solutions de publication ou de distribution.