Strophes
pour
une agapè
en pleine-clarté, pour une enfant
et
pour toi
Quelle terre
pour
se nourrir
et
créer
un présent ?
le buisson brûle
quand je secoue
les étincelles
– intimes brasiers
sous la paupière –
plus tard,
quand la limite
s’étend en pluie,
les bulbes
sont peignés d’eau
……………………………
d’une main,
la sœur de Mars
lance
une pomme blette
noces rompues
– instants
où le vent casse
……………………………
à l’aurore
je suis
Gaïa
……………………………
sur le seuil
en couleurs
l’étranger
égruge
la farine
du savoir
déjà bruns
les pépins
enfouis
dans
sa barbe haute et claire
germinent
des fragments de feuilles
vont grandir
dans un monde
qui ne répétera pas le monde
toi, tu
quand
le soleil se répand
en essaims de clarté
les lilas bruissent
le poisson
bleu et frais
devient rivière
……………………………
pour quelques secondes :
une image de soie
baisers
parsemés de pollen
en bordure du chemin
talita talita
talita koumi !
entre le bœuf de Tarente
et la chèvre d’Icarios
l’enfant
mange sa part du jour
tali talita
talita koumi
……………………………
à midi
je suis sur la couture
de l’ombre
(la marelle
se couvre d’herbe sage)
au pied
des tournesols
la corde jaunit
(pleur versé
aussi brillant
qu’un quart de lis)
tali tali
tali
l’enfant
se lève
sautillante dans le nu
(Vénus
passe
en mantille
trouée d’aphyllantes
qui voltigent)
……………………………
le ver luisant
a mangé le fil de coton
……………………………
tali talita ta
kou
koukou mi
……………………………
la tête
emplie d’abeilles
……………………………
« Je t’ai ouverte
pour le bienfait amer
quand l’amande du cœur
se fend en deux »
– garde-manger essencié
par le grain de Déméter
un épi
a levé
dans la rue
le scarabée trismégiste
dort
sur la bouse
et
sur les brandons d’or
au dos du mur
l’urine
sature
la grande-éclaire
……………………………
(nous mangeons
un infini d’eau et de rosée)
……………………………
accroupi dessus les meules
le scribe du grenier
veille
une poignée de pluie
tombe
sur le cerfeuil en fleur
des graines de crépuscule
emplissent l’assiette
……………………………
mythologie de Pluton
sur ma gauche
où monte la fumée
……………………………
corbeau à os
de
la Grande Scythie
……………………………
quand la vie
est
comme traire Io
dans le bosquet
des lunes
où poussent les bourgeons
l’artiste du jonc
est encore
dans la grange
: les corbeilles
s’accumulent
pour le berceau de la nuit
l’enfant
experte en urine
dort
sur les lattes mangées aux fourmis
près des bûches
où courent les rats
……………………………
– où
que crie sa faim
la feuille du saule –
sur sa tête
une couronne
noircie de boutons d’or
sillon oublieux
sous Séléné pensive
l’étoile du soir
bourdonne
entre les cornes du bœuf
(...)